JE SUIS AMOUREUX
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« Ce
n'est pas normal que je sois amoureux ! »
Et
la tête inclinée, il répétait la phrase,
automatisme
qu'il liait à ce silence ambiant
où
les habitués passaient sans rien dire.
Il
relevait la tête, attendait une phrase,
les
regards s'arrêtaient, reprenaient leur parcours.
« Ce n'est pas normal que je soit amoureux! ».
C'est
dur d'être à l'écoute de ce corps qui pédale,
qui
pédale dans le vide, dans sa tête qui va mal,
qui
cherche à retrouver ses jambes d'avant le...
Sans
souvient-il encore? Les gens le regardent,
font
silence dans cette salle de rééducation.
Le silence des yeux est le seul réconfort
quand
on a pas le temps de s'arrêter un temps.
Le
temps passe trop vite et l'instant important
laisse
parfois quelques traces que l'on regrette après.
Le
temps qu'on ne donne pas, le temps de la tendresse,
le
temps que l'on partage sans regarder sa montre.
« C'est pas normal que je sois amoureux ! »
Quelques
regards s'arrêtent, se posent bienveillants,
ils
ont sans doute perdu les mots qui caressent,
alors
ils le regardent. Une invite à parler ?
«Oui,
Papa m'a offert un très grand télescope ».
Un
ciel étoilé passe, repasse dans sa tête.
« C'est
pas normal que je sois amoureux !
Il
y a des arbres dans mon jardin,
des
pommiers, cerisiers, j'aime m'en occuper.
« Tu
viendra me voir, dis? » Ce gamin a trente ans,
a
perdu ces repères au pays des mystères,
« J'ai
sauté par la fenêtre, mes parents ont eu peur. »
Le silence des yeux est le seul réconfort
quand
on a pas le temps de s'arrêter un temps.
Le
temps passe trop vite et l'instant important
laisse
parfois quelques traces que l'on regrette après.
Le
temps qu'on ne donne pas, le temps de la tendresse,
le
temps que l'on partage sans regarder sa montre.
« C'est
pas normal que je sois amoureux.
Je
suis dans cette salle et les ambulanciers
attendent
que j'ai fini. Un tour de pédalier,
faire
du bien à mes jambes pour qu'elles soient comme avant.
En
fauteuil roulant, je vais revoir mes arbres
et
mon grand télescope, c'est ce qui compte pour moi. »
Il
est parti comme ça, le silence était lourd,
nous
nous sommes regardés, de ce regard de ceux
qui
savent qu' ils ne savent pas et restent dans le vague .
La
vie, elle, a repris. nous avons refermé le tiroir,
enfermé
le jardin, les pommiers, cerisiers.
Était-il
normal qu'il soit amoureux?
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