SOUVENIR D'ENFANCE
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En
rapprochant ta chaise de la fenêtre ouverte,
les
ombres de la pièce s'éloignaient peu à peu.
Le
soleil se figeait sur une photographie,
celle
d'une enfant qui souriait, pleine de vie.
D'un
geste maîtrisé, effleurant son visage,
tu
éclairais, d'un trait de pastel, son regard.
A ce bleu très discret tu ajoutais du rose,
l'étalant
sur ses joues, l'estompant peu à peu,
et
d'un doigt attentif adoucissait son nez.
Dos
au soleil, ta silhouette auréolée,
fragile
et sensible, dessinait de ses mains
la
magie d'un moment, me regardant conquise.
Quel
est ce bruit secret, ce souffle qui, discret,
parcourt
à l'infini les espaces de l'enfance ?
Est-ce
ce chuchotement, ce très doux crissement
du
pastel qui révèle une présence amie ?
Accroupi
sur le sol, complicité muette,
je
barbouillais sans fin, je coloriais la feuille
qui
n'en avait jamais sans doute tant demandé.
Je
m' arrêtais alors, laissant feuilles et crayons.
Cette
dame qui faisait jaillir de la couleur
d'un
simple noir et blanc. C'est sûr, c'était maman !
Dans le silence des ombres et sur le chevalet
où
la photo parlait encore en noir et blanc,
ses
mains imaginaient, par touches de pastel,
animaient
un peu plus le noir et blanc sublime
sans
même se rendre compte qu'il rayonnait déjà
mais
l'enfant ne voyait qu'une maman heureuse.
Quel
est ce bruit secret, ce souffle qui, discret,
parcourt
à l'infini les espaces de l'enfance ?
Est-ce
ce chuchotement, ce très doux crissement
du
pastel qui révèle une présence amie ?
Sans
doute, comme le pastel, n'était-elle qu'éphémère,
et
son cœur si fragile s'est estompé trop tôt.
Son
image est restée accrochée à mon âme.
Ce
doux profil penché sur sa boite à malice,
sortant
du bleu, du rouge, du jaune et du vert,
mélangeait
avec moi quelques pigment magiques.
Ces couleurs mystérieuses, ces envolées lyriques,
dans
l'inconscience des gestes qui parcourent ma peinture,
sont
elles le souvenir de ces tendres séances ?
Est-ce
ce même enfant qui dessine maintenant
et
cherche dans l'abstraction, les formes incertaines
de
l' amour maternel pour le rendre éternel?
Quel
est ce bruit secret, ce souffle qui, discret,
parcourt
à l'infini les espaces de l'enfance ?
Est-ce
ce chuchotement, ce très doux crissement
du
pastel qui révèle une présence amie ?
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